« Le concept des Amérindiens andins du « vivir bien » { est } repris par Evo Morales, président de la Bolivie, premier président amérindien d’Amérique du Sud. Il dit, très simplement : « Bien vivre, c’est vivre en harmonie avec les hommes et en harmonie avec la nature ». C’est-à-dire qu’on ne peut pas bien vivre si on ne tient pas ces deux bouts en même temps. Cela ne sert à rien de vouloir organiser la justice, la liberté, les droits si en même temps on saccage la planète. Ces deux éléments font partie du projet commun de l’humanité. » (J. Bovay)
L’article de février interrogeait la nature de l’enfant humain : Est-elle sauvage ? Et donc « dénaturée » dès que la culture s’en mêle ? Ou bien ?
Les études sur les Enfants Sauvages répondent d’une part que :
Ne pas développer cette tendance, c’est prendre le risque d’estropier notre humanité et d’asphyxier notre sensibilité. C’est pourquoi le lien à la nature est vital et « humanisant » surtout dans la vie majoritairement urbaine de beaucoup d’entre nous ; il est constitutif de notre développement d’humain et de ses capacités à vivre en harmonie avec lui-même, son environnement et les autres.
Scott rappelle que l’adulte (le parent) doit d’abord lui-même se relier à la nature de façon plus étroite : porter une attention nouvelle aux chants d’oiseaux, aux plantes qui poussent ça et là, à la lumière, aux parfums.. : en un mot revivifier sa propre sensibilité au monde vivant, une sensibilité souvent engourdie par la routine.
Il égrène dix secrets pour accompagner l’enfant dans le tissage du lien avec la nature. Retenons le premier : « une abondance de rapports directs et intimes avec des endroits sauvages ou semi sauvages, le plus souvent à proximité de la maison, compte plus que des sorties périodiques dans d’autres espaces naturels. » (p.66)
Il mentionne aussi le livre de Joseph Cornell : Vivre la nature avec les enfants : une mine d’idées à laquelle puiser…
Une première bonne nouvelle
Et une deuxième bonne nouvelle
C’est l’opportunité pour lui de se détoxiquer du fonctionnement mécanique du quotidien, d’opposer à la lassitude et aux multiples tensions, la curiosité partagée, l’émerveillement, en un mot se sentir vivre sans avoir besoin pour cela, d’attendre les pistes de ski, les grandes vacances ou les vagues de l’océan… Seulement faire le trajet de la crèche (ou de l’école) à l’appartement avec des missions variées : reconnaitre les variétés d’arbres, repérer les plantes et herbes diverses qui poussent à travers le goudron ou sur les murs et les identifier, se laisser fasciner par les déambulations d’un insecte, faire germer des graines chez soi, aller écouter les chants d’oiseaux à la tombée de la nuit dans le parc ou le jardin public d’à coté, découvrir le cycle de la lune… : c’est s’offrir un bain sensoriel, la joie de l’échange avec un enfant, l’émerveillement… même fugace. C’est comme une liberté qu’on oppose aux nécessités du quotidien.
La lecture du livre Comment élever un enfant sauvage en ville vous donnera des points de repère pour développer un des aspects du « bien vivre » amérindien : comment nourrir notre sensibilité à la nature et réaliser une harmonie avec notre environnement, y compris urbain.
Un prochain article en mai, explorera l’autre aspect du bien vivre « en harmonie avec les hommes » par le prisme de la famille : première enveloppe affective, creuset de notre vie relationnelle ; son rôle est crucial dans l’ apprentissage de la vie avec les autres. Comment concevoir « la famille » – de sa place de fils ou fille de – et l’organiser en tant que parent ?
Mais en avril , nous ouvrirons le questionnement de l’enfant sauvage vers l’enfant libre…Qu’est ce qu’une éducation à la liberté ?